

créer pour les plus petits
« La simplicité d’abord, la simplicité à la fin
entre les deux le pourquoi, le comment »
B. Noël

« Un devenir axololt : ce qui entraîne aucun état nouveau, mais suppose une transformation permanente qui ne se fixe à aucune forme définie. » Ulf Rollof
Un axe de recherche : un cheminement dont l’objet principal est le corps, perçu, rencontré, de multiples façons : images, écrits, visions, danses, idées, corps engagés dans d’autres pratiques artistiques, avec des références, des chemins de vie différents, donc d’autres héritages. S’enrichir grâce à l’autre dans ses expériences, ses résonances autrement. S’interroger sur cet autrement. Un grand voyage à travers ce corps multiple, et une remise en cause de son regard, une mise en abîme de son propre regard, sur ce qu’il considère comme corps. Au bout des ces rencontres, d’autres se font, des paysages corporels deviennent accessibles, perturbant, agitant et agissant. De nouveaux modes de penser se mettent en place, s’affinent ; les acquis prennent d’autres significations, ouvrent d’autres espaces ou règnent plus de troubles.

Créer pour les tout-petits c’est renouer avec ce fondamental qui nous anime dans la danse à savoir que la danse a ceci de particulier qu’elle transmet aux spectateurs une relation kinesthésique. Elle fait ressentir à travers le corps de l’autre ce qui se vit au plateau. On comprend mieux des petits qui se font le double du danseur, des bébés qui trouvent l’élan pour rester debout pendant quarante minutes, alors que la marche ne les anime pas encore. Il s’agit pour l’artiste d’être face à des spectateurs, qui n’ayant aucun code et convention de cet être spectateur, peuvent donner à lire corporellement, voire vocalement ce que la danse déclenche en eux, là où elle les anime, les habite, les pousse aux réactions. Pour les spectateurs accompagnants puisqu’il s’agit bien ce cela avec les tout-petits recevoir cette tension et cette présence sont des moments riches à vivre.

Travailler pour et avec les tout-petits, s’est s’inscrire dans une relation multi-sensorielle.
Tout est expérience, le moindre mouvement, son, bruit, tout est perçu, lu, vécu. Tout fait sens pour eux, devient un indice, une trace. En cela dans nos objets chorégraphiques fabriqués à leur intention, nous aimons tisser les médiums pour poursuivre cette relation multi- sensorielle.
Sur le plateau : plusieurs corps avec leur singularité, pour offrir du différent, de la lecture, du chant, de la musique, des univers lumineux, des objets, des livres, des instruments. des couleurs.
Notre travaille artistique, notre démarche s’incarne dans ce que l’on nomme de la recherche/action. Nous partageons notre temps en moment d’immersion près des tout-petits pour vivre avec eux des expériences. Delà naissent des chemins à emprunter pour se mettre en création.
Ces aller/retour avec et pour les enfants nourrit profondément notre relation, nous nous constituons ensembles des « traces d’art » et partageons des moments de plaisir.
« Le plaisir artistique se communique indépendamment de la compréhension linguistique et de la formation intellectuelle, car il passe par le corps du spectateur qui se prête à l’action de l’objet et permet à son efficacité esthétique d’opérer. » Jean-Marc Leveratto