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Biographie

Le Tout Petit Abécédaire

publié sous le titre

Le Tout-Petit va au spectacle

Collections 1001BB éditions Erès

le 11 mars 2021

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Cet ouvrage est le fruit d'une écriture collective : une façon de nous accorder sur notre éthique, la philosophie qui anime notre recherche créatrice, nos références sur cette notion essentielle qu’est l’accompagnement.
Nous – musicienne, chorégraphe, lectrice – avons eu le désir de mettre à jour ce qui nous meut dans cette démarche de partager l'artistique avec les tout-petits, ce qui la constitue, ce qui nous interroge, ce qui nous permet de poursuivre ce cheminement. Notre engagement s’inscrit dans la présence auprès des tout-petits par de la pratique et de la création pour eux. Nous tenons à ce travail de recherche action : le terrain nourrit la création qui à son tour nourrit le terrain. Notre engagement s’incarne dans cette dialectique et bien sûr dans un travail d’écriture et de réflexion théorique.
Très vite la forme abécédaire s’est imposée. Expérience, accueil, accompagnement, disponibilité, enfant, adulte, artiste, confiance… Mettre en perspective notre vocabulaire, échanger sur chaque mot pour saisir où nous les situons, où ils font sens, rebondissent, questionnent nos zones obscures ou simplement renforcent des hypothèses.
Un tout-petit abécédaire, témoignage à partager avec les personnes concernées par ce lien entre petits spectateurs et arts vivants.

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Depuis 1991, danseur contemporain, chorégraphe et pédagogue. Dés le début, la nécessité de mêler ces trois démarches pour confronter des points de vue différents, pour pouvoir mettre en place trois contextes de questionnements et d’investissements qui puissent nourrir la danse et mûrir la personne. Fortement influencé par des études d’histoire de l’art, il lui faut avoir d’autres compagnons de route comme la peinture, la littérature, le cinéma pour mettre la danse en action. S’offrir différents regards pour oeuvrer. Durant son trajet, des rencontres sont fondamentales : avec Susan Buirge pour un parcours commun d’une dizaine d’années, avec Laurence Louppe pour un cursus en culture chorégraphique sur trois ans, et dernièrement Myriam Gourfink pour le cursus « Transforme ».
Ces rencontres l’ont confirmé dans une nécessité de cerner, de savoir identifier, de découvrir un contexte et de chercher des outils pour rendre lisible et partageable un travail. Un désir profond de collecter, d’interroger, de cerner des outils de perception pour définir plus finement la nécessité d’une activité de chorégraphe. Prendre au pied de la lettre le terme de chorégraphe « écrire le corps » : perçu, rencontré de multiples façons : images, écrits, idées, corps engagés dans d’autres pratiques artistiques. S’enrichir grâce à l’autre dans ses expériences, ses résonances autrement. S’interroger sur cet autrement.


 

Travail avec :
- Maïté Fossen, Michèle Ettori, Michèle Dalhu, Odile Caze, Cie VMT, Pascal Montrouge, Emmanuel Grivet, Susan Buirge…
De nombreux stage dont Trisha Brown, sur 3 ans, autour du BMC, de nombreux chorégraphes français.


 

Tout en continuant son activité de danseur fonde la compagnie AXOTOLT avec une vingtaine de pièces. Depuis 2006, le travail artistique s’axe sur la petite enfance de la naissance à3 ans.
Une activité de pédagogue dans des lieux et publics variés:
- conservatoire de Tours et Poitiers, Ecole du Paysage de Versailles, Fondation Royaumont, école des arts de la scène à Leer en Belgique, Jazz Action de Valence, etc…

DEUG Histoire de l’Art
Formation chorégraphique avec Karine Saporta Europa Danse Europa 1997
Formation en composition chorégraphique et improvisation avec Susan Buirge de 1998 à 2000.
Membre d’un groupe de recherche sur la question du processus chorégraphique se 2000 à 2003.
Master en Culture Chorégraphique
Diplôme d’Etat Danse Contemporaine
Formation Danse à l’école
Diplôme des hautes études des pratiques sociales , Université de Strasbourg, 21 octobre 2015
Depuis janvier 2017 accompagne le groupe Lifting soient 19 femmes séniores de 63 à 85 ans inscrites dans un travail de création avec des chorégraphes invités. (Un projet de la Comédie Scène nationale de Clermont-Ferrand).



 

A cela s’ajoute un travail d ‘écriture autour du corps et de la petite enfance, ainsi qu’autour du rapport au corps pour des revues comme Spirale, Le Furet, Chimères, Efadine.
Depuis avril 2019 en formation en méthode Feldenkrais auprès de Ifeld à Lyon. Quatre années d’études pour ce cycle de formation.

Février 2023 Certifié praticien Feldenkrais
Partage avec des formateurs issus de l’éducation populaires des laboratoires de réflexion sur la notion d’accompagnement et pédagogie de la tendresse, ainsi de l’importance de mettre le corps au coeur des pratiques pédagogiques.

Formations

Le tout-petit et le chorégraphe : une histoire de corps, la danse en partage

Thierry Lafont, danseur chorégraphe, danse pour et avec  les tout-petits. Récit de ce partage de gestes, de musique, d’émotion  et de silence……

Thierry Lafont, danseur chorégraphe

La danse…
«  Etre danseur, c’est choisir le corps et le mouvement comme champ de relation avec le monde, comme instrument de savoir, de pensée et d’expression. C’est également faire confiance au caractère « lyrique » de l’organisme, sans pour autant se référer à une esthétique ni à une mise en forme précise…Le tout étant de travailler d’abord aux conditions organiques de cette émergence poétique. Option féconde, le corps devient un formidable outil de connaissance et de sensation. »

…et le tout-petit
Il est une personne, un être humain que je vais rencontrer, avec qui je vais discuter, vivre un moment de partage. Il n’est pas moins intéressant parce que « rampant » : au contraire, cette posture  au sol me convient tout à fait. En tant que danseur, je passe beaucoup de temps allongé au sol pour préparer le corps. Mon attachement au tout-petit vient sûrement de la redécouverte de cette posture  dans laquelle  je reconsidère mon rapport au monde.  Je partage un autre point avec lui : ce non- besoin de parole. Non, pas que nous ne parlons pas, mais que ce que nous vivons ensemble se passe de langage. Pour moi, être avec le tout-petit s’inscrit dans le fait d’être dans la danse.

Je le regarde…
Je le regarde pour ce qu’il est, en surprise de ses grandes capacités, qui me touchent. Je ne cherche pas à le penser plus grand. Je profite de l’immédiateté de son être. Cela m’oblige à m’inscrire dans sa réalité, dans son temps. Parfois, être en sa présence me déstabilise. Cette période est si courte ! Dans un an, avec ses petites jambes, il courra avec des mots qui racontent. J’aime observer son corps et sa façon de le vivre. Je prends conscience que son existence est faite d’expériences sans cesse renouvelées, de continuité et de changements.

…et je replonge
Quand je danse pour le petit, je replonge profondément dans mon propre corps d’adulte par le biais du sien. Je me replonge dans tous les schèmes fondamentaux. Je les ré-investis et je prends conscience de ma façon de les revisiter et, scrutent dans quelles émotions poétiques, ils m’emmènent,  pour  me les réapproprier et les redonner à lire. Le tout-petit m’offre l’expérience inouïe d’autres réalités, de nouvelles versions bouleversantes  de mon moi oublié.
J’aime ce travail de création pour le tout-petit. Avec lui, je me sens chez moi, en possible symbiose.  Nous avons du commun, des choses à partager, des élans que je me refuse en tant qu’adulte à oublier.  Le tout-petit me permet d’être un adulte en dehors du champ conventionnel des représentations. Il m’offre la liberté, l’invention, l’exigence.
Si je propose des objets chorégraphiques, je danse aussi avec lui en « atelier », petits laboratoires pour chercher, creuser, affiner mon regard, me mettre en jeu, et surtout me faire surprendre. Il s’agit  juste d’être disponible à  cette petite individualité qui s’éveille au monde.  
Mon travail artistique se fait par lui, lui qui  repousse toujours les limites du possible.  Il se livre à moi sans filtres, en toute confiance. C’est une grande responsabilité  que de danser avec lui !

Un partage d’expérience
Je parle bien d’expérience car je lui donne à voir, recevoir, percevoir  mes questionnements. Je tente de dialoguer avec lui sur un mode exigeant. Il est une personne avec des sentiments, des mémoires, des langages, des compréhensions. Dans le travail, pas  question de séduction ni  d’omission de son sens critique. Comme lui, j’aime  prendre des risques.  Rarement, il m’abandonne. Toujours  présent, il réagit, critique ou apprécie, me montre que je le perturbe. Je sens  son regard et sa reconnaissance parce qu’il sait que  je ne triche pas.  Je suis ce dont je suis porteur. Je me donne à lire entièrement, sans décoration, comme lui quand il expérimente. Ensemble, nous vivons  l ‘engagement total de soi.

Un lieu utopique
Le corps est un médium primordial. C’est avec lui que le petit fait connaissance avec le monde.  C’est son premier moyen de compréhension et de mise en relation avec l’autre. La danse s’appuie sur le corps comme outil de dialogue, lieu de l’imaginaire. Il est regrettable que l’adulte ait oublié son histoire commune avec l’enfant.
Je revendique  la reconnaissance de ce savoir du tout-petit  sur la potentialité du langage du corps. Fortement attaché en tant qu’adulte et spectateur à l’expérience kinesthésique, je  partage dans mon corps ce que l’autre en face me donne à vivre. Alors,  l’émotion s’installe et le dialogue devient possible.  C’est ce lieu utopique que je cherche toujours à recréer dans ma relation au tout-petit. En atelier, inviter le corps à devenir terre d’accueil, un  lieu où se nicher, une cachette où s’abandonner ou, simplement, recevoir un signe d’autorisation,  de respect. Accorder de la valeur au geste effectué par le tout-petit, le reprendre pour soi, et donner à sentir que ce geste a un sens, une vérité.

Se mettre en tension
Un des sens  profonds du corps en mouvement dans la danse,  c’est l’ouverture  des  imaginaires, les cheminements intérieurs propres à chacun, l’écoute sensorielle. La danse  parle à l’autre, convoque son imaginaire sans passer par un discours explicatif. Bien arrogant serait celui qui   prétendrait contrôler ce qui se partage entre le corps de l’artiste et celui du tout-petit.
La danse, en  sanskrit, signifie « se mettre en tension ». Danser avec ou pour les tout-petits s’incarne dans ce terme : établir une tension, un lien ouvrant à un dialogue subtil, impalpable mais  possible… De ce dialogue naissent des rencontres intenses, inoubliables pour le chorégraphe : l’enfant s’approchant de l’artiste pour être pris  dans ses bras à la fin d’une représentation, révèle la force de cet « être ensemble »… Un corps d’enfant qui devine l’état corporel  du danseur au point de devenir sa réplique exacte, les regards qui s’échangent…

Tisser de l'humain
Ces rencontres sensibles, singulières, autour du partage de la danse me sont essentielles. Elles déposent en moi des petits riens qui surgissent au gré de la création. Un geste me revient et, avec lui, la petite personne qui me l’a offert. Ma danse est habitée de ces gestes donnés, reçus et précieusement incorporés.  Je sais, pour avoir retrouvé, quelques années plus tard, des enfants qu’ils conservent en eux ces gestes que nous avons partagés dans nos rencontres muettes.
Nous nous construisons avec ces gestes, fils  invisibles, ténus et tendus  entre nous, qui tissent silencieusement nos vies.



 

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